Autrefois, c’est le premier mot qui lui vient à l’esprit quand il songe à son passé, sa vie d’humain. Et pour tout dire, il est incapable de se souvenir clairement de cette ancienne vie. Parfois, il a des sortes de flash-back, des images qui le torturent mais elles s’estompent rapidement, le laissant à cette vie morne de vampire qu’il est aujourd’hui.
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– 1865 –
« Foutus humains, incapables de se battre proprement. Un bras, une jambe. Ce sont de vraies marionnettes. » Soupira la femme qui avançait parmi les corps, n’ayant aucun scrupule à marcher sur les morts. Elle savait qu’il était ici, elle l’avait vu partir pour cette guerre et au fond du gouffre qui lui servait de cœur, elle espérait secrètement qu’il serait encore en vie, juste assez pour le sauver de cette foutu vie de pantin.
William Compton avait été touché à l’épaule, et à la jambe. En soit, ce n’étaient pas des blessures graves, mais elles l’empêchaient de faire le moindre mouvement, si bien que le soldat était à terre, entouré par les corps de ses anciens camarades. L’odeur du sang était immonde, elle était partout, et il ne pouvait se dégager de cet endroit, incapable de ramper plus loin qu’il ne l’avait déjà fait. Pendant un court instant, il eut l’envie de se suicider, que tout cela se termine mais l’image de sa femme et de ses enfants s’imposa dans son esprit, le forçant ainsi à rester en vie.
« Que voilà ! Un soldat à l’agonie. » Il s’était vivement reculé sous le coup de la surprise. Une femme, il y avait une femme sur le champ de bataille. Et elle… non, il chassa cette idée de son esprit. Elle n’était pas normale… pas humaine ?.
« Ne fuis pas William Compton. Je vais t’offrir un petit cadeau. » Tout en prononçant ces mots, les canines de l’inconnue s’étaient allongées, la faisant ressembler à ces monstres des anciens contes. Il n’eut pas le temps de crier, ni même de prononcer le moindre mot, la douleur emporta tout ce qui lui restait de raison, puis ce fut le vide…
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– 1890 –
Les meurtres sanglants de ce couple peu ordinaire faisaient la une des journaux. On ne parlait que de ça. Et encore, ils n’étaient qu’une infime partie, car les prostituées qu’ils tuaient n’étaient pas mentionnées. Bill était parvenu à prendre plaisir à ces orgies. Le sang auquel il avait été si réticent, était aujourd’hui indispensable pour lui, non pas uniquement à sa survie mais aussi à son plaisir.
Cependant, toute cette mascarade ne dura qu’un temps. Si dans un premier temps il avait aimé sa nouvelle condition de vampire, n’ayant pas le temps de penser à son ancienne vie, à présent, il reniait ce qu’il était. Lorena pouvait lui parler, lui amener les plus jolies filles, le menacer, rien n’y faisait. L’humain avait reprit le dessus, cette infime part c’était hissée au dessus de la bête sanguinaire.
« Libère-moi »Il ne pouvait plus supporter cette vie avec Lorena. Elle lui avait offert une nouvelle vie dont il ne voulait plus. Et tous ces massacres qui le hantaient chaque nuit. Il avait besoin de s’éloigner de sa créatrice, besoin de se rapprocher des humains.