Sous l’éclat argenté de la lune et des gerbes multicolores des feux d’artifice, la foule en extase s’apprête à fêter l’an 2300. 2300 ans de liberté, de joie et de bonne humeur. 2300 ans où chacun vivait tranquillement dans son petit coin, entouré par sa famille et ses amis. 2300 ans où les dieux guident les humains dans leurs sinueux chemins… 2300 ans dans lesquelles se fomente un complot visant à renverser le pouvoir actuel… Dans la foule en délire se glisse une ombre mouvante, silencieuse : un démon qui se cherche une proie. La silhouette nimbée d’un halo rougeâtre se glisse dans la foule, se rapprochant de sa victime qui ne doute pas d’un instant qu’elle vivrait ses dernières minutes. Peut-être les vivra-t-elle rapidement. Ou au contraire dans de longues minutes atroces qui lui paraitront des heures. Dans une lenteur démesurée, l’être démoniaque se saisit de la gorge de sa victime, et dans un rire machiavélique, se couvre de rubis, du rouge de l’hémoglobine de sa victime. Tous les témoins qui venaient d’assister à cette sanglante scène prirent immédiatement leurs jambes à leur cou, et s’enfuirent aussi loin que le leur permettaient leurs jambes et la peur d’être le prochain à subir le même sort épouvantable de ce pauvre innocent. Aussitôt, la foule extasiée se transforme en une meute de personnes effrayées, se piétinant les unes des autres pour survivre à ce qui leur semblait la fin du monde. Tous l’ignoraient, mais les prémices d’une guerre sanguinolente venaient d’être lancées.

Dans les entrailles de la terre, une silhouette dévorée par la pénombre riait à pleine gorge, repoussant tous ceux qui voulaient l’approcher pour une quelconque raison. La guerre venait d’être amorcée. Sa guerre. Et il serait bientôt assis sur son trône, qui devait lui revenir de droit… Une personne aux ailes aussi noires que la nuit s’avance vers le rieur, et d’une voix basse, si basse qu’elle en était inaudible, lui parle. Et les éclats de rire redoublèrent de volume, tandis que le protagoniste rit de plus belle… Que de bonnes nouvelles, ces derniers temps, semblait-il… Puis il se tut soudainement, et dans un halo de flammes, disparait de la ténébreuse pièce…

Les dieux sont en colère. Une ire justifiée, qui s’abat sur quiconque osant bafouer la fierté désormais jetée aux oubliettes des divinités. La majorité des humains prient de moins en moins pour eux, entraînant ainsi dans le déclin la puissance des déités menacées par des forces obscures grandissantes. Ils le savent, s’ils restent éternellement immobiles, ils perdront leur autorité sur un trône vacillant menaçant de s’écrouler à tout instant. Pour combler ce manque de puissance de plus en plus flagrant, les différents panthéons se dotent au fur et à mesure d’alliés de plus en plus redoutables. En premier lieu apparaissent les anges, fidèles serviteurs et messagers des entités divines, doublés d’un potentiel destructeur formidable. Puis ce sont les fées qui deviennent à leurs tours de magnifiques alliés pour les dieux : si minuscules et si discrets qu’ils pouvaient se glisser dans les lignes ennemies et en arracher des informations capitales, cruciales. Les elfes et les mages, quant à eux, s’occupaient de noyer l’ennemi sous une pluie de flèche et de boules de feu, de l’entraver par les forces de la nature et de champs de force ainsi que de protéger sa propre troupe par des boucliers magiques.

Les démons disposaient eux aussi de leurs alliés. Les vampires, créatures buvant le sang de leurs victimes pour subsister, vivaient sous l’argent de la lune et pouvaient se rendre indétectable de l’œil humain… En le charmant. Ils appliquaient avec excellence l’adage « La meilleure défense reste l’attaque »… Les lycans, ces charmantes bébêtes qui se transformaient en d’horribles créatures une fois la nuit tombée, semaient la terreur et la destruction dans leur sillage tracé par leurs crocs et leurs griffes rougies par l’écarlate des hommes qu’ils tailladaient. Les sorciers, équivalent néfaste des mages, tiraient leurs forces de rites sanglants, de la mort ou jouaient tout simplement aux nécromanciens en faisant lever une seconde fois d’immenses armées exterminées une fois… Enfin, les anges déchues… Ces traîtres devenaient le maitre-mot de destruction et de carnage, un seul d’entre eux pouvait balayer une armée entière sans trop d’effort…

Entre ces deux feux flamboyants se trouvaient les humains. Pauvres créatures tiraillées entre deux désirs : celui de protéger sa famille, se couvrir de gloire et devenir une personne héroïque en rejoignant l’armée divine… Et celui de se couvrir de richesse, de devenir plus puissant, ou tout simplement en obéissant à leurs instincts les plus primaires, ne méritant ainsi même plus le nom d’ « humains »… Du choix de ces humains dépendra ce monde… Mais conterais-je-vous la fin de ce monde ou le début d’un autre ? C’en est à vous de choisir, et d’écrire la suite…